Kanak, Kanaky.
mercredi, 26 mars 2014Avant de partir, il ne fallait surtout pas manquer l’Expo « Kanak, l’Art est une Parole », au centre Jean-Marie Tjibaou. Elle était présentée d’octobre à janvier au Musée du Quai Branly à Paris, « ces objets sont le fruit de vingt ans d’inventaire du patrimoine kanak dispersé à travers le monde ».
L’un des tableaux explique l’importance du choix de cette orthographe pour les Mélanésiens, et plus particulièrement pour les jeunes.
Il faut se souvenir que par 2 fois, lors des Expositions Universelles et/ou coloniales, à Marseille en 1906 et 1922, mais aussi à Paris en 1907 et 1931, on donnera à voir des « zoos humains », sous la forme par exemple de groupes de « Canaques » ou d’Africains.
On apprend que le canaque, c’était le sauvage vivant en Océanie, cannibale et batailleur, et par extension les populations autochtones des « colonies », qu’il fallait vaincre et dominer.
C’est encore aujourd’hui, en Allemagne, une expression très péjorative et injurieuse pour designer les immigrés, étonnamment les Turcs qui sont nombreux dans ce pays.
L’Expo nous dit que « l’adoption de la graphie kanak, à l’anglaise -donc sans accords…- au détriment du canaque de nos arrières-grands-pères fut un enjeu majeur et un objet de fierté pour Jean-Marie Tjibaou et ses amis politiques (1986) ».
Le drapeau de la Nouvelle-Calédonie, c’est officiellement le drapeau tricolore français. Depuis 2010, il peut voisiner, sur l’ensemble des édifices publics, avec le drapeau Kanaky, ou drapeau indépendantiste kanak.
Il reste que si les jeunes arborent fièrement des vêtements aux couleurs du drapeau indépendantiste, l’utilisation du terme les Mélanésiens montre l’ambigüité de la situation politique.
Ici, c’est une collectivité territoriale à statut particulier (Accords de Matignon en 1988, création des 3 Provinces… Le référendum d’autodétermination, prévu pour 1998, a été depuis repoussé à 2014.)
« Pour nous, ni Français, ni Kanak, il faut rester comme on est maintenant… », nous a dit l’un de nos guides à Lifou. Très gros enjeu!