Faire la coutume

Ici, comme ailleurs, quand on arrive quelque part, il y a des codes sociaux, des gestes à faire ou ne pas faire.
En Nouvelle Calédonie, « faire la coutume » englobe ces codes et manières de vivre.
Par exemple, si je veux accéder à une plage ou une grotte non ouvertes au tourisme, je dois me présenter à la chefferie du village pour demander l’autorisation au grand chef ou au petit chef.

Il est écrit : Grande Chefferie de Wetr (Wetch en Lifou)

Il est écrit : Grande Chefferie de Wetr (Wetch en Lifou)

Je peux aussi souhaiter le rencontrer pour connaître le village, son histoire, ses usages…
Dans les deux cas, il y a un protocole à respecter; il s’agit d’abord de lui exposer l’objet de ma visite, de marquer mon salut et mon respect de la hiérarchie de la chefferie par un cadeau. Un manou (= le paréo calédonien), un coupon de tissu, de la nourriture, du tabac, de l’argent… Tous ces produits locaux ou bien des produits de ma région sont bienvenus.
Le chef fait un discours d’accueil pendant lequel il est recommandé de ne pas l’interrompre. A mon don, il répond par un contre-don, en me permettant d’accéder à des informations, des lieux ou des personnes.

Le mode de vie calédonien repose sur la tribu; le chef en est le première représentant. Être grand chef d’un district se transmet de père en fils; les petits chefs de ce district sont désignés par le Grand chef. Sur l’île de Lifou, il y a 3 districts.
Sur le conseil de Pascal, le proprio de notre gîte, nous avons voulu rencontrer le chef mais celui-ci est mort il y a peu et la date de prise de fonction de son fils n’est pas encore fixée. C’est donc un homme d’église (= le voisin du chef et autre représentant de la population) qui nous a accueillis, a accepté nos dons et nous a fait visiter la case de la chefferie

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Les dons sont ensuite répartis par le chef, selon la hiérarchie et l’organisation propres à la tribu.

Le pouvoir du chef existe en parallèle à celui du maire de la commune. Leurs pouvoirs respectifs sont bien identifiés et pris en compte par la population.
Dans nos échanges avec nos hôtes, nous avons bien souvent entendu parler du chef, mais pas du maire.

Dans toutes les tribus, la chefferie est située à proximité d’une école, un temple ou une chapelle.

La case de la grande chefferie

La case de la grande chefferie

Une grande case ronde à 2 entrées est le lieu d’exercice; le chef entre par une porte et les habitants par une autre. Deux appliques de portes de case encadrent les entrées ; elles sont en bois de houp bien souvent et sculptées de figures traditionnelles.

Applique de porte (Expo Kanak)

Applique de porte (Expo Kanak)

Des nattes recouvrent le sol où tous s’assoient par terre. Entre le pilier central et les portes, un espace est réservé au feu.
Ici aussi, les esprits des ancêtres sont salués et sollicités. Le grand chef, aidé du conseil des anciens, prononce ses décisions. L’accord du chef est par exemple requis pour le mariage de deux jeunes adultes du village; c’est ensuite seulement qu’ils iront voir monsieur le maire.

Le pilier central de la case de la chefferie est en bois de gaïac, de même que les piliers qui supportent la toiture faite de bottes séchées d’une longue herbe endémique, de même aussi que la clôture qui délimite le terrain. La pelouse est nickel; les taches d’entretien de la case et ses abords  sont reparties entre les membres de la tribu.

La coutume recouvre un vaste champ relatif à des actes ou décisions très importants ou à des événements du quotidien: geste coutumier, droit coutumier, chemin coutumier.
La tradition est très présente et essentiellement orale.

La flèche faîtière

En principe, au sommet de chaque case traditionnelle ronde se dresse une flèche faîtière faite de bois sculpté. Je dis  en principe, car au début du séjour, trouvant cela beau et intéressant, je m’étais promis de faire un article là-dessus avec des photos des plus belles. Malheureusement, j’en ai vu très peu alors que j’étais tout le temps à l’affût ! P1060187_1

L’exposition « Kanak. L’Art est une Parole » que nous avons visitée en fin de séjour nous a donné quelques explications sur le nombre réduit des flèches faîtières que nous avons vues. Il semble que lors de cérémonies funéraires importantes celles-ci puissent être partiellement ou totalement détruites.

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Ces flèches sont considérées comme faisant partie de la richesse et de la culture kanak. C’est pourquoi c’est l’une d’elle qui illustre l’affiche de l’expo précitée. La flèche est composée de trois parties: la sculpture centrale, une aiguille sommitale et un pied qui permet de l’enfoncer au sommet de la toiture. Des coquillages, des conques, étaient souvent insérés dans la partie supérieure ; une des conques de la flèche conservait les plantes magiques, protectrices du séjour paisible des occupants. P1060124_1

Cette sculpture est si liée à la tradition qu’elle occupe aussi le centre du drapeau kanak. Parfois, la flèche est conservée non pas au sommet du toit,  mais dans la salle de tables d’hôtes par exemple.P1060790_1

Nakamal et kava

Dernière soirée, les garçons ont tenu à ce que nous découvrions un nakamal, pour y boire le kava (nous n’avions pas pu y aller à Lifou).
Le kava est une boisson traditionnelle, très répandue dans les îles du Pacifique : elle a une place particulière dans la coutume mélanésienne, sa consommation est considérée comme un acte social, les gens se retrouvent le soir autour d’un récipient contenant un liquide blanchâtre. On prélève une louchée, versée au client dans une demi noix de coco.

Le boss du nakamal arrête sa belote pour faire le service

Le boss du nakamal arrête sa belote pour faire le service

Wikipedia nous dit : « Le rhizome du kava possède des propriétés anesthésiantes, myorelaxantes, stimulantes et euphorisantes ; un effet anti-dépresseur a été mis en évidence récemment. Le kava est aussi un diurétique. Il est hypnotique à fortes doses ». J’ai lu qu’il était parfois utilisé en médecine comme anti-stress, mais est interdit en France et ailleurs.
Cette racine est traditionnellement mâchée, mais elle est maintenant plus souvent pilée ou réduite industriellement en poudre.

Une table du nakamal

Une table du nakamal

Le nakamal est un « débit de kava », autorisé par la loi en Calédonie, ouverture de 17h à 22h. Les gens s’y rendent après le travail, l’ambiance y est très calme, bruit et violence n’y sont pas admis, pas d’alcool ni d’herbe autorisés, on n’y vend que du Kava. C’est 100F la petite bolée, et c’est en général un moment de partage, on ne vient pas trop pour boire son kava dans son coin après le turbin.
C’était à Nouville, derrière le port de commerce de Nouméa, nous avons vu là quelques uns de ces « squats », un habitat « spontané » où l’on trouve justement plusieurs de ces nakamals, les clients venant de la ville étant aussi nombreux que les habitants de ces maisons de tôles. Le cadre est là encore très agréable, sans construction qui réussisse à s’installer et défigurer le bord de mer. Sans doute des terres coutumières.
Ca s’avale cul-sec tout en gardant quelques gouttes que l’on répandra au sol pour les esprits des ancêtres. Un petit goût amer, il est prévu d’ailleurs que l’on se rince la bouche au robinet voisin. Et quelques picotements qui subsistent sur les lèvres.

Pas le plus moche de la collection...

Pas le plus moche de la collection…

Nous avons pu boire nos quelques bolées de kava, tout en regardant un dernier coucher de soleil.
Demain, lever à 5h 30, nous partons pour 49h de voyage, 25 de vol et 24 d’aéroport!

Finies les vacances

Bouh! Les dix semaines de vacances s’achèvent !
En préparant mon sac à dos pour le retour vers des cieux gris clair ou gris foncé, je me suis décidée à jeter certains accessoires qui ont aussi fait le séjour au Bénin l’an passé.: mes sandales, une tunique totalement délavée, des chaussettes rougies par la terre du sud et impossibles à blanchir….

fatigue

J’ai aussi replié les cartes de Lifou et de la Nouvelle Calédonie, mais je les ramène avec moi pour mieux suivre les prochaines sorties festives de Sami et José.
Quant à ma besace, elle aussi a fait son temps et sera remisée, à notre retour at home.

besaces
SNIF!
Mais cette expérience inédite de longues vacances sera à renouveler, c’est sûr ! A moi de m’organiser en conséquence pour que ça soit compatible avec mes obligations professionnelles!!!

Nous avons franchi la barrière...

Nous avons franchi la barrière…

3 jours de Kalaw à Inle, retour

Un des meilleurs moments de notre voyage : la randonnée de Kalaw à Niaungswhe (Lac Inle), au centre du Myanmar.

L’un de nos coéquipiers, Gavin, a réalisé un montage vidéo de quelques minutes, c’est très plaisant!

Et ça nous fait rêver encore….

Merci, merci Gavin! (nous mettrons aussi nos photos en ligne, après tri…)

Cette vidéo est publiée par Gavin sur Youtube, vous pouvez aussi la voir ici :

http://www.youtube.com/watch?v=vLRfj2YHQnQ&feature=youtu.be

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