Vanille de Lifou

L’île offre à visiter plusieurs vanilleraies. Nous nous sommes arrêtés à « Ô Naturel », à l’entrée de  Mucaweng. Joseph nous accueille, la visite a duré plus de 2 heures.P1060216_1

Vous savez sûrement que la vanille est une liane, c’est la seule de la famille des orchidées cultivée pour l’alimentation,  et non comme plante ornementale. Et surtout c’est, au poids, l’une des productions les plus rentables.

La liane s’appuie sur différents supports, dont par exemple cet arbuste, qui ne produit que des fruits non comestibles  à l’effet vomitif garanti, nous dit-on.
Le bouclage consiste à rediriger la croissance de la liane vers le bas, en la maintenant à hauteur d’homme pour faciliter la pollinisation et la cueillette. Ce qui lui permet de se ré-enraciner si elle tombe au sol.

P1060217_1
Le pignon d’Inde (wafel en drehu, la langue lifou), arbuste utilisé comme tuteur, doit être suffisamment solide;  il contribue aussi à l’ombrage indispensable. A partir de juin, les gousses jaunissent, la cueillette peut commencer, elle continue jusqu’en août.

500 gousses sur ce plant!

500 gousses sur ce plant!

 

Les gousses sont roulées dans une couverture, et immergées pendant 3 mn dans une bassine d’eau à 65°. Couverture et gousses sont stockées à l’abri 24h pour achever la « cuisson »,  il faut ensuite les sécher sur claies au soleil 3 ou 4 h par jour, durant 2 à 3 mois. C’est une des raisons pour lesquelles on ne cultive pas la vanille en Bretagne…

Le séchage continue quelques semaines (jusqu’à 3 mois) sous abri, avant la commercialisation. A ces 3 mois de travail, c’est la période de la pollinisation qui représente l’activité la plus dure et la plus assidue, pendant 3 mois aussi. La vanille est un plant hermaphrodite. Pour que ça soit rentable, c’est la main humaine qui « marie la vanille », selon l’expression consacrée. C’est un geste technique précis mais rapide qui réalise cette pollinisation.P1060234_1

L’ombrage est aussi fourni par tous les végétaux voisins des vanilliers. Joseph nous a fourni des tas d’explications et nous a proposé de ramasser les fruits de la passion, puis de partager cocos et une énorme pastèque avec sa fille et ses petits enfants. Il nous a même offert une petite aubade, une de ses compositions accompagnée à la guitare, remerciant le créateur de tout ce qu’il a.

On n’a même pas pu acheter de vanille à Joseph car il a vendu les 500 gousses de la dernière récolte. Il a tout de même trouvé 2 gousses qui étaient restées sur le plant.  Il prévoir 1 400 gousses pour cette année. Toute la famille participe à la production.

La vanille de Lifou étant paraît-il très réputée, nous avons pu en trouver à la Maison de la vanille qui propose les produits commercialisés à partir de la vanille de Lifou et de Maré.

Une matinée très sympa…

 

Les grottes de Lifou

C’est une des curiosités de ces îles:  la Calédonie et ses archipels étaient auparavant rattachées au « continent australo-antarctique » (Gondwana), la fracture de cette plaque a provoqué des transformations diverses. Lors des baisses de niveau des eaux, les roches calcaires, plus fragiles, se sont creusées, et le sous-sol cache de nombreuses grottes.
Celles-ci sont nécessairement sur le territoire d’une des 37 tribus de l’île, la(le) propriétaire du terrain a ainsi organisé la visite de « sa grotte ». Nous  avons aussi appris que la Province des îles s’associe à la Nouvelle Zélande pour leur offrir un an de stage dans ce pays: apprentissage de la langue et d’un métier, sur projet.
La grotte du Diable, à ciel ouvert, ne nous a pas laissé un grand souvenir.
Puis, nous avons contacté Noël, dans le sud-ouest de l’île pour la visite d’une grotte souterraine, nommée les joyaux de Luengoni. La plage sur laquelle donne la maison de Noël porte le même nom et vaut à elle seule le détour : LA PLAGE, le sable fin, les nuances de bleu, les branches des arbres qui viennent frôler le sol…

P1060390_1

Et même une énorme tortue qui est venue à 20 m du rivage !

Vous comprenez pourquoi la tortue est partie!

Départ pour la grotte : un quart d’heure pour monter une colline, quelques photos sur un promontoire, puis nous descendons une dizaine de mètres dans le noir en nous éclairant à l’aide des torches que nous a données le guide.

P1060448_1
Et là, une étendue d’eau, sur 30m de long environ, elle paraît noire, mais est en fait claire, transparente … Et froide!
Dessous, à plusieurs mètres, des coraux, des stalagmites de toutes sortes, des roches aux reflets bleus (ça, je n’ai pas très bien vu, sous l’eau sans correction ce n’est pas terrible…). Assez impressionnant tout de même!

Sur la route du retour, Sam a téléphoné pour réserver une autre visite de grottes, pour notre dernier jour à Lifou. Rendez-vous à 8h 30 chez Jeanne à Wedrumel, dans le sud de L’île. Elle vient de construire 2 cases pour hébergement, le site est très sympa, beaucoup d’arbres et de fruits.

P1060491_1

Un quart d’heure de piste, un autre de marche dans la forêt, et voilà les apprentis spéléo en action. Nous avons beaucoup apprécié, l’ambiance dans ces salles totalement obscures, à 30 m sous le sol : les 3mn sans bruit, sans lampe au fond d’un couloir, c’est particulier!P1060518_1

Nous avons crapahuté sous les stalagmites pendant 2h, sans voir le temps passer. Un bon décrassage au retour, car la poussière noire nous collait sur les bras et jambes..

P1060526_1

Et un excellent repas qu’avait préparé Jeanne (on avait réservé le tout, c’est parfois difficile de trouver pitance dans les tribus, si l’on ne sait pas où s’adresser…) : la salade de brèdes, le poulet et la tarte maison, ça nous allait très bien aussi, un excellent souvenir!

Avant de reprendre l’avion, la petite plage de Peng, à l’est, ça vaut aussi le détour.

 

Calédonie et tourisme

Hier c’était journée d’élections municipales, pas de manifestations particulières.
Les budgets des municipalités et provinces semblent assez conséquents au vu des bâtiments publics et infrastructures collectives.

Massif minier dans le sud; de grands parcs pour le repeuplement.

Massif minier dans le sud; de grands parcs pour le repeuplement (plantes, animaux)

La très faible densité de population, et l’habitat souvent clairsemé nous ont étonnés dès les premiers jours. Les grands élevages, et les communautés tribales exploitant leurs terres peuvent l’expliquer, ainsi que l’importance de Nouméa comme « capitale » au sud.

envir_1

Les collines du centre de l’île : pas grand monde à l’horizon!

L’occupation de l’espace est très differente selon les régions et populations : il y a 245000 personnes sur le territoire, dont près de 230000 sur la grande terre. Mais aussi 185000 en province sud contre 45000 au nord. Et comme le grand Nouméa, au sud, représente 165000 personnes (67% du tout), on comprend le déséquilibre !
Le sud a longtemps concentré l’administration, les richesses, les projets économiques. Et les habitants, particulièrement les européens.
Les Mélanésiens (on dit les « Mélas ») ou Kanaks c’est 40% du total, et la grande majorité vit en Province nord ou dans les îles, mais aussi dans le sud. Il y a 30% d’Européens ou Zoreilles pour 5% de Calédoniens (ou Caldoches, descendants des colons, bagnards etc.). Et les Wallisiens et Futuniens (9% quand même!), Asiatiques, Africains du Nord et autres immigrés.

Tribus Mélanésiennes et Calédoniens occupent souvent ces grands espaces :

Le village de Yaté, c'est à droite, au fond...

Le village de Yaté, c’est à droite, au fond…


Fleurs et fruitiers au bord de la route indiquent la présence d’une tribu, les habitations traditionnelles ou non étant cachées dans la végétation, au sein d’une communauté.
De grandes étendues de pâturages, ce sont des Calédoniens, on peut voir des troupeaux de boeufs, des champs, des machines autour de ranchs solitaires ou en petits groupes.

C’est souvent étonnant de découvrir quelques maisons après des kilomètres de zones inhabitées.

Village et tribu de Touaourou : la mission, le terrain de sports et l'école. A gauche se trouvent le marché... et le lagon

Village et tribu de Touaourou : la mission, le terrain de sports et l’école. A gauche se trouvent le marché… et le lagon

Le village proprement dit se réduit parfois aux bâtiments officiels, à la salle de sport ou la médiathèque, l’école, la place du marché, le terrain de foot, 4 ou 5 maisons et puis c’est tout.
Le reste disparait dans la végétation.
Nouméa, ce sont des banlieues bien rangées et qui paraissent plutôt cossues, plusieurs collines d’habitations basses, et un front de mer marinas-hotels-restaus.
Ses habitants se retrouvent le week-end pour faire la fête sur les îlots, se balader et loger dans les campings et bungalows assez nombreux en montagne ou bord de mer.

barbecue à Yaté

Toujours des coins-cuisine, ici au camping. Prévoir allumettes et pain, il n’y a personne…

Il y a des tas d’activités possibles sur le Territoire, beaucoup d’aménagements récents et de qualité : un immense club med sans animateurs? Mais peu de tourisme haut de gamme (quelques resorts dans la brousse, ou des hôtels sur le front de mer). L’hébergement se fait « en tribu », dans des bungalows, cases ou en camping. Il faudra de même rechercher une table d’hôtes pour se restaurer, si l’hébergeur ne le propose pas. La réservation est souvent nécessaire.

Alimentation, table d'hôtes bien cachée!

Alimentation, table d’hôtes bien cachée!

Un mode de tourisme agréable, pour ceux qui ne recherchent pas trop de confort, ni de promiscuité : on est parfois seul dans un camping, au bout du monde, sans même la présence du propriétaire.

Le coût élevé de la vie en général, et celui du voyage en particulier, les transports difficiles si l’on n’a pas de véhicule limitent aussi le nombre de visiteurs!

Endemiques contre invasifs

Le Caillou était auparavant un plus gros rocher, inclus dans un continent qui englobait Australie et Antarctique (le Gondwana, déjà cité).

Sa séparation de ces plaques, suivie de mouvements et déplacements très particuliers (enfoncement sous une plaque, puis « remontée = obduction), tout ceci l’a isolé, et a aussi créé un sol et sous-sol original, très riche en minéraux : la faune et la flore ont du s’adapter et gardent de nombreux souvenirs de cette histoire, de nombreuses espèces n’existent qu’ici, et même parfois que dans une petite région du Territoire.

Ce lichen est en fait l'association d'un champignon et d'une algue.

Ce lichen est en fait l’association d’un champignon et d’une algue.

La colonisation a malheureusement fait pas mal de dégâts parmi la végétation originelle, du fait de l’exploitation minière et forestière..

Maquis minier, près de la cascade de la Madeleine

Maquis minier, près de la cascade de la Madeleine, plus de 90% de ces plantes n’existent qu’ici!

Ces plantes endémiques sont aussi menacées par des étrangères, apportées par des bateaux, ou parfois pour embellir les jardins. Certaines de ces espèces nouvelles sont invasives, et supplantent la flore indigène.
Il en est de même pour les animaux. Plusieurs ont disparu au début de la colonisation, le Cagou, emblème « animal » de la Calédonie, est protégé, malheureusement ce gros oiseau ne vole pas, et est peu craintif : proie facile pour les chiens et cochons sauvages.

Le cagou, un peu méfiant quand même!

Le cagou, un peu méfiant quand même!

A Lifou, on nous a beaucoup parlé de 2 autres ennemis, arrivés sur l’île il y a une vingtaine d’années : la guêpe jaune, ennemie des plants de vanille, et des potagers, et surtout la fourmi électrique. Les explications quant aux causes de ces 2 invasions divergent parfois fortement. Elles ont aussi eu lieu sur la grande Terre. Plusieurs personnes nous ont par exemple expliqué que dans leur jeunesse, elles allaient jouer, ramasser des fruits dans la forêt.
Maintenant, il faut se garder de toucher les arbres, de s’y appuyer : ces minuscules fourmis sont partout, s’attaquent aux autres habitants de la forêt, leur piqûre est douloureuse et peut même provoquer la cécité. Le paradis a maintenant ses démons…

Habitat en Calédonie

Que ce soit sur la Grande-Terre ou sur l’île de Lifou, je suis très impressionnée par le nombre réduit d’habitants et l’habitat dispersé. On a régulièrement le sentiment d’être quasi seuls au monde ici, dès qu’on s’éloigne un peu de Nouméa bien sûr. Mais même en ville, on ne se croirait vraiment pas dans une ville à peu près grande comme Brest.
En brousse ou en bord de mer, le sentiment d’isolement est peut-être aussi dû au fait que les abords des propriétés, dans les tribus, sont très végétalisés: haies fleuries, arbres fruitiers, grands arbres ombrageux….
case
Les maisons des Mélanésiens et des Calédoniens sont de plain pied, ce qui facilite aussi leur intégration dans le paysage.
Je ne sais pas si c’est pour mieux s’intégrer dans le paysage qu’à Lifou, un nombre très important de maisons est fait de tôles ou toitures bleu turquoise ou vert émeraude.
vegetation
Toute cette verdure mais aussi cet habitat dispersé et discret accroissent le sentiment de calme et de quiétude que nous avons éprouvé tout au long de notre séjour ici.

Les espaces publics urbains ou campagnards sont aménagés (écoles, collèges, mairies, gymnases, places de marché, routes…). Et ces constructions semblent toutes récentes et proprettes. Je n’ai pas vu de quartiers faits de maisons en tôles rouillées ou d’habitat dégradé. C’est un peu comme si tout venait d’être construit récemment.
Sami et José et leurs copains nous disent que si on allait regarder de plus près dans les fossés et dans des endroits reculés, on verrait des sacs en plastique et des cannettes vides, des vieilles machines à laver ou des voitures abandonnées.
Ils nous disent aussi qu’il y a des squats et des quartiers pauvres à Nouméa; Les squats n’ont pas le même sens qu’en Métropole puisque ce sont des maisons faites par les locaux, de façon un peu sauvage et non pas des lieux vides occupés par des personnes qui n’en sont pas propriétaires.
A nous, tout nous a semblé plutôt propre et aménagé.

L’accueil en tribu

L’accueil en tribu. Dès le lendemain de notre arrivée, Sami et José nous ont emmenés camper « en tribu ». Cette expression m’a aussitôt laissé imaginer la vie au sein d’un village auprès de la population locale regroupée dans des cases proches, un peu comme dans les villages africains.
Mais ce n’est pas du tout ça. L’accueil en tribu signifie qu’on est hébergé chez l’habitant, dans une case. Mais cela ne signifie pas du tout vivre dans le village ou un hameau car l’habitat est très dispersé. L’habitat en brousse comprend en général la traditionnelle case ronde au toit végétal et une habitation de type plus récent en béton et et au toit en tôle ondulée.
Même si cet les maisons ne sont pas proches les unes des autres, il n’en demeure pas moins que ça reste clanique et très communautaire, d’où l’appellation de tribu.

2 bungalows dans les avocatiers et cocotiers

2 bungalows dans les avocatiers et cocotiers

Hormis à Nouméa, il nous semble que le tourisme se fait essentiellement en tribu, comme on dit ici.
Sauf à la capitale, nous n’avons vu nulle part de grand hôtel à plusieurs étages sur un bord de mer, ou avec plusieurs bungalows sur pilotis, comme en Polynésie française. Cela existe peut-être, mais nous n’en avons pas vu dans les différents lieux que nous avons visité, sur la Grande-Terre ou à Lifou. Après vérification auprès de nos représentants locaux, dignes de fois, ça existe, en quelques rares exemplaires.

Le repos des spéléos, boisson fraîche avant le repas, chez Jeanne.

Le repos des spéléos, boisson fraîche avant le repas, chez Jeanne.


L’accueil en tribu est familial et propose bungalows plus ou moins équipés ou campings. Outre l’hébergement, la table d’hôtes est aussi souvent proposée, basée sur des recettes locales et confectionnée avec des produits locaux. Nous y avons par exemple, essentiellement mangé du poisson frais. C’est un compromis entre gîte et chambre d’hôte (ou homestay…)

Nouméa, blanche ou pas?

Nouméa est appelée Nouméa la Blanche. C’est une ville qui ressemble à celles du sud de la France, avec ses longues promenades qui longent les plages, avec ses marinas qui se succèdent, avec ses hôtels, restaus et bars branchés ou pour touristes.
Les rues du centre ville sont animées comme celles d’une ville moyenne; ce n’est pas la foule; il y a plein de petits commerces et de jolies boutiques.
Mes sandales de rando menaçaient très sérieusement de rendre l’âme et me faisaient un peu honte ici! Nous avons donc entrepris de les remplacer samedi après-midi.

Elles resteront de ce côté de la planète...

Elles resteront de ce côté de la planète…

Impossible de trouver des sandales de marche avec velcro. Par contre, les commerçantes des 6 ou 7 boutiques où nous sommes entrés ont été très accueillantes et sympathiques; elles m’ont toutes orientées vers tel ou tel magasin concurrent qui aurait peut-être chaussure à mon pied!
Il a un peu plu sur Nouméa ce samedi après-midi et nous marchions tous les deux sous la pluie alors que la plupart des autres passants s’abritaient sous les auvents des magasins. C’était drôle de voir comment ils semblaient tous frigorifiés!
Nous avons déniché un petit bistrot, entre le quartier chinois et la gare de bus. Il nous a semblé ensuite que nous nous étions glissés derrière un client, car nous avons vu que le loquet de la porte était débloqué à chaque nouvelle entrée. Accueil chaleureux, des voisins, de la patronne aussi. Nous n’avons pas tout compris, car une femme est venue nous saluer lorsque nous buvions notre bière. Les clients, tous Mélanésiens, achètent la pression au litre, et se partagent la chope…

Vive la vie??

Un sentiment de vie cool, de proximité avec la nature et de liberté. Il résulte peut-être du fait qu’on se sent « moins fliqué » ici, comme s’il y avait moins d’interdits et en tous cas moins de contrôle. Comme si les grands espaces, la nature luxuriante et généreuse permettaient à chacun de trouver place.

Comme si les bonjours, saluts et sourires, y compris entre automobilistes, d’un bout à l’autre de l’île étaient la preuve d’une grande convivialité. Comme si le soleil, la douce température, la beauté des sites dont plusieurs sont classés au patrimoine de l’UNESCO offraient un cadre de vie qui ne laisse pas de place au stress.

Avant d’y débarquer, nous savions que la vie en Nouvelle Calédonie était très chère. Ayant vécu 3 ans en Polynésie, nous pensions avoir parfaitement conscience de ce que cela pouvait représenter.

Pas trop de stress...

Pas trop de stress…

Il n’empêche que chaque jour on se dit: « Qu’est-ce que c’est cher! » On a l’impression que les billets de 10 000FCP (= 80€) s’envolent, sans que nous fassions du tourisme de luxe; nous avons en effet passé 4 nuits au camping avec repas préparé au feu de bois, 4 autres nuits en gîte dans une case et le reste à l’appart’ des garçons.
Pourtant, 15 jours ici = 2 mois en Asie, en termes de coût.
Chaque jour, on se demande comment toute la population locale a les moyens de vivre là!

Sam et Stéphanie, à Lifou

Sam et Stéphanie, à Lifou

Sami et José se sont fait un réseau de potes qui sont en très grande majorité des Métropolitains comme eux et qui ne s’imaginent pas trop rentrer en Métropole. Ils ont tous le sentiment de vivre mieux ici, même si le coût de la vie est très élevé.
jose_pasteque
Ici, ils s’offrent très régulièrement des week ends sur les îlots, en bord de mer ou de rivière; ce qui leur serait impossible en France.

Le bois pour le feu, pas vraiment une corvée...

Le bois pour le feu, pas vraiment une corvée…

La beauté et la variété des sites, la nature préservée et l’absence de pollution, le camping et la possibilité de faire des feux de bois partout, la vie en short et T shirt…… autant de raisons qu’ils évoquent pour dire qu’ils se sentent bien ici.

C'était comment déjà la vie avant?

C’était comment déjà la vie avant?

Il est vrai que les photos et vidéos que Sami et José nous envoyaient et ce qu’on a vu ici font rêver et penser aux pubs fraîches, joyeuses et dynamiques d’Hollywood chewing gum!

Le paradis n’existe pas. Quelques nuages obscurcissent tout de même la belle image.

      Les cambriolages des maisons, y compris en journée quand les habitants sont là.

 

      Une potentielle violence chez les jeunes mélanésiens sous emprise d’alcool, les soirs de fête et des menaces proférées aux Zoreilles; il y a des restes de l’histoire et des méfaits coloniaux qui représentent manifestement des plaies mal cicatrisées.

 

      Un taux d’accidentologie très élevé, dû aussi à l’alcool au volant semble-t-il.

 

    Une hygiène de vie et une alimentation qui posent des problèmes sanitaires; un nombre important de Mélanésiens sont en surpoids.

Kanak, Kanaky.

Avant de partir, il ne fallait surtout pas manquer l’Expo « Kanak, l’Art est une Parole », au centre Jean-Marie Tjibaou. Elle était présentée  d’octobre à janvier au Musée du Quai Branly à Paris, « ces objets sont le fruit de vingt ans d’inventaire du patrimoine kanak dispersé à travers le monde ».

Flèches faîtères, placées au sommet de la case d'un chef

Flèches faîtères, placées au sommet de la case d’un chef

L’un des tableaux explique l’importance du choix de cette orthographe pour les Mélanésiens, et plus particulièrement pour les jeunes.
Il faut se souvenir que par 2 fois, lors des Expositions Universelles et/ou coloniales, à Marseille en 1906 et 1922, mais aussi à Paris en 1907 et 1931, on donnera à voir des « zoos humains », sous la forme par exemple de groupes de « Canaques » ou d’Africains.
On apprend que le canaque, c’était le sauvage vivant en Océanie, cannibale et batailleur, et par extension les populations autochtones des « colonies », qu’il fallait vaincre et dominer.
C’est encore aujourd’hui, en Allemagne, une expression très péjorative et injurieuse pour designer les immigrés, étonnamment les Turcs qui sont nombreux dans ce pays.
L’Expo nous dit que « l’adoption de la graphie kanak, à l’anglaise -donc sans accords…- au détriment du canaque de nos arrières-grands-pères fut un enjeu majeur et un objet de fierté pour Jean-Marie Tjibaou et ses amis politiques (1986) ».
Le drapeau de la Nouvelle-Calédonie, c’est officiellement le drapeau tricolore français. Depuis 2010, il peut voisiner, sur l’ensemble des édifices publics, avec le drapeau Kanaky, ou drapeau indépendantiste kanak.

Drapeau Kanaky

Il reste que si les jeunes arborent fièrement des vêtements aux couleurs du drapeau indépendantiste, l’utilisation du terme les Mélanésiens montre l’ambigüité de la situation politique.

Ici, c’est une collectivité territoriale à statut particulier (Accords de Matignon en 1988,  création des 3 Provinces… Le référendum d’autodétermination, prévu pour 1998, a été depuis repoussé à 2014.)

« Pour nous, ni Français, ni Kanak, il faut rester comme on est maintenant… », nous a dit l’un de nos guides à Lifou. Très gros enjeu!

Outremer et statut particulier

A Nouméa, plus de la moitié de la population a moins de 30 ans. La ville attire beaucoup de jeunes français, dont nous avons rencontré un petit échantillon autour de Sam et José. Une partie d’entre eux bénéficie de conditions de salaires avantageuses, 50% de mieux à plus de 250000 FCP/mois, c’est-à-dire 2200€. Les petites communautés, la colocation permettent à ceux-là de s’offrir des loisirs qui paraissent extraordinaires, ils estiment leur vie beaucoup plus facile qu’en France, même s’ils travaillent 39h/semaine et que le coût de la vie est très élevé en Nouvelle Calédonie (loyer, nourriture, transports, services etc.).
D’autres sont moins bien lotis, car le salaire minimum est proche de celui de la France, et qu’il devient alors difficile de remplir son garde-manger. Une idée du salaire  moyen : un soudeur touche environ 192 935 CFP soit 1 617 euros, un technicien de bureau (dessinateur, projeteur exp. 5ans) 180 000 CFP, soit environ 1 508 euros; 39 h/semaine, 169 h/mois, mais les charges sociales sont de 12% du salaire, et le taux d’imposition très faible.
Certains de ces jeunes actifs sont « patentés », et sont alors embauchés en sous-traitance comme travailleurs indépendants : ils facturent leurs heures de travail à un patron, souvent sur le chantier de Goro, l’usine de nickel. Ils s’en sortent bien mieux, mais ce sont surtout des Zoreilles, les Mélanésiens eux sont souvent mal payés…
Pourtant, il semble qu’il existe aussi une population à fort pouvoir d’achat, à voir les propriétés à et autour de Nouméa, les bateaux de la marina et les véhicules haut de gamme.L’économie en Nouvelle-Calédonie repose sur 3 secteurs :
le Nickel, les Commerces et Services, le BTP
Comment expliquer ce niveau de vie apparemment assez élevé? il n’y a pas de pétrole ici, le nickel et les autres minerais n’ont pas apporté la prospérité.

Nous n’avons pas visité la Province Nord, sinon la partie limitrophe, nous le regrettons vraiment, car les paysages, les modes de vie sont encore très différents. Et l’on aurait peut-être pu mieux mesurer l’impact de la création de ces 3 Provinces.
Depuis 1988, l’état français a procédé au transfert progressif des compétences de l’Etat vers la Nouvelle-Calédonie.
Il faudra attendre le référendum d’auto-détermination entre 2014 et 2018 pour connaître les aspirations de la population (sont exclus du vote les arrivants postérieurs à 1988), sachant que les positions radicales ne sont surement pas partagées par la plupart.
Comme on nous l’a dit : « Ni Français, ni Kanak, mais rester comme maintenant! ».
Ce statut particulier a un coût, est-ce imaginable, possible, juste de poursuivre ainsi?

Tout droits réservés © 2008 Design de StyleShout et Clazh traduit par WordPress tuto