Repas d’expérimentés

Repas d’anciens le soir. Non, on ne dit pas anciens, nous dit la Chilene qui vient de fêter son anniversaire il ya 2 jours, et qui a exactement  mon âge, à 3 jours près, et qui est kiné auprès de ce public..  On a transigé sur expérimentés (j’ai déjà utilisé dans un autre article) : une Chilene donc, un couple d’Italiens d’une soixantaine avancée, et nous.

Conversation animée, dans les 3 langues, quasiment sans un mot d’anglais à la grande joie de nos voisins de table qui ne le parlent pas. Etonnant comme la proximité de nos langues respectives permet de comprendre l’interlocuteur même s’il on est loin de maîtriser la sienne.

Et pourtant il n’y a qu’Andrée qui arrive à s’exprimer dans les 3 langues, en privilégiant l’italien, dans un mélange assez drôle souvent, étant donné que quelques expressions anglaises ou allemandes viennent enrichir le propos en suscitant quelques interrogations chez les autres.
Tous les 3 nous disent leurs difficultés dans ces parcours pour touristes où l’anglais semble hégémonique et obligatoire. C’est assez désolant parfois d’entendre certains répéter plusieurs fois des requêtes en anglais, sans varier un instant ni le débit, le contenu ou l’accent, comme si c’était une évidence que tous devaient le comprendre. Ou alors il fallait que l’interlocuteur soit particulièrement arriéré! Dans les villages, ça ne marche pourtant plus du tout!
Nous avons rencontré un Perpignanais d’une cinquantaine d’années un peu déboussolé et frustré, car son anglais quasi inexistant ne lui permettait pas de communiquer dans un pays où pourtant beaucoup de gens sont francophones. De fait, il y a sur le bateau pas mal de passagers dans cette situation, qu’ils soient chilien, brésilien, canadien, italien, suisse ou français. Ils ont entre 23 et 70 ans, le voyage organisé en groupe serait plus facile peut-être, mais ils n’en veulent pas. Et ils galèrent un peu, surtout ceux qui sont seuls : ça nous parait un défi impressionnant!
Le Lonely Planet est dans la même tonalité, puisqu’il donne toujours des adresses où X parle bien l’anglais, indique les guides de même. De même le change est toujours indiqué par rapport au $US. Nous avons pourtant tout intérêt à changer des €, le change est bien plus favorable.
La discussion m’a rappelé des jeunes étrangers, venant d’Asie du sud-est francophone, rencontrés il y a quelques dizaines d’années : cultivés et presque toujours passionnés. Et une aisance étonnante à manier notre langue.

Maintenant, si l’on en croit les guides et la presse, l’éducation n’est pas la priorité au Laos, et les jeunes vont peu au collège -pb de démographie, densité très faible, de transport et d’argent bien sûr-. Mais la connaissance de l’anglais est un gage de réussite.
Piquant : notre compagne de voyage canadienne anglophone de Vancouver avait commandé un « lunch » végétarien pour le trajet bateau, mais c’est moi qui lui ai traduit la phrase (en anglais!) que venait de lui répéter 2 fois une des assistantes de la « Company ». Faut croire que nos compétences langagières (l’assistante lao et moi) étaient bien plus proches! Je ne sais pas si je dois m’en réjouir!

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