Un groupe de 14 personnes qui passent 16 journées ensemble, dont 11 jours de trek, encadrés par une équipe de 10 guides et porteurs
Marcher chaque jour entre 5 et 7 heures. Passer de 1450 à 4400 m d’altitude
Autant d’occasions de multiplier réflexions, sensations et souvenirs.
Tour d’horizon non exhaustif
- Instants de grâce et de bonheur simple. Dans un cadre forestier très paisible, alors qu’on fait une pause pour que le groupe se rassemble, Ketam grimpe sur un rocher, sort sa flûte pour jouer un petit morceau. Pour dynamiser le groupe, ou dédramatiser des passages difficiles, il affiche son très joli sourire et entonne une de ses chansons fétiches « Resom piriri », ce qui permet de retrouver la force ou l’énergie pour continuer.
- Gratitude et étonnement. Alors qu’il reste encore plusieurs centaines de mètre avant d’atteindre le lodge, et que la journée d’ascension a été bien longue, nous entendons de grands éclats de rire : c’est notre équipe de porteurs qui, dévale la pente en courant et s’esclaffant. Ils viennent tout simplement nous apporter le thé chaud et nous délester de nos sacs à dos pour que ceux qui le souhaitent puissent terminer le trajet plus légers. Ils sont tout sourire et pétillants.
- Détente et plaisir. Des soirées très agréables au cours desquelles l’équipe au complet des 3 guides et 7 porteurs a su, par ses chants, musiques, danses et sourires créer une ambiance très chaleureuse et conviviale. De très beaux moments de complicité et de partage.
- Culpabilité et gêne. Pas confortable psychologiquement de voir chaque matin nos sept porteurs partir, chargés de nos bagages enveloppés dans un sac en toile blanche qu’ils vont porter jusqu’à l’étape suivante.
Même si on sait que cela constitue des emplois et les fait vivre, ce n’est pas très facile à accepter.
- Chaleur et simplicité des relations humaines. Nous avons réalisé des rencontres simples et amicales avec la population népalaise croisée ou côtoyée: quelques « namaste » et sourires suffisent à créer le contact; quelques photos dont ils sont friands et fiers leur montrent qu’on s’intéresse à eux. Quelques locutions telles que « Sourta na garnousse » (= il n’y a pas de problème) épatent et provoquent des éclats de rire partagés.
- Tensions, appréhensions et larmes. A l’issue de la journée de grande descente sur un dénivelé de 2100m, qui représente aussi la fin du trek, j’ai soudainement éprouvé le besoin d’être seule. Cumulées à la difficulté de la vie de groupe et à la fatigue due aux efforts fournis, des appréhensions m’ont assaillies qui étaient restées enfouies tout au long du séjour quant à un éventuel accident et la difficulté à faire venir des secours. J’ai fait deux chutes bénignes durant la matinée mais un vilain leitmotiv m’a accompagnée le reste de la journée: « jamais 2 sans 3″; l’idée de 3ème chute signifiait qu’elle serait nécessairement plus grave que les autres. J’ai terminé l’étape sans encombre, avec cependant les genoux « tout mous », comme s’ils pouvaient lâcher d’un moment à l’autre, et sans aucune douleur.
- Chaleur et convivialité. Autour du poêle qui fume, se retrouver chaque soir, après une journée d’effort. Se poser autour d’un Pastis-saucisson ou fromage local, d’une Everest ou encore d’un Mojito, à Katmandou
- Tester son propre rythme. Notre groupe est encadré par 3 guides: Tula, Ketam et Man Bahadour. Un d’eux mène nécessairement le groupe et un autre le ferme.
Cela permet à des sous-groupes de se constituer pour progresser à des rythmes différents.
Tula est le sirdha (= le chef), l’organisateur, le logisticien ; il parle très bien français et anglais. Il est d’une humeur très égale, toujours souriant, disponible, stimulant, rassurant…. Ketam est son petit frère ; il se débrouille très bien aussi en français et anglais. Man Bahadour est leur beau-frère ; n’avons pas trouvé de moyen de communication verbal avec lui ; par contre, l’infraverbal fonctionne bien et le rire plus encore.
- Inconfort, insécurité et vigilance. Les conditions de vie quelque peu spartiates en termes sanitaire et d’hygiène (peu d’accès à l’eau) mais aussi de confort ont perturbé nos habitudes de confort. Il a fallu s’habituer aux planches disjointes qui servent de cloison, de plancher ou de mur avec ce que cela suppose en termes d’isolation phonique ou thermique et de promiscuité.
- Agacement, colère et tolérance. Les mouvements d’humeur ainsi que les petits et grands travers de personnalité de chacun, conjugués à la promiscuité et l’absence d’intimité ont pu créer des moments de tensions. La volonté de passer outre et d’accepter l’Autre tel qu’il est, ont permis de dépasser ces passages difficiles.
- Solidarité, richesse et intelligence collective. Un groupe composé de 14 personnes n’est pas que la somme des compétences individuelles. La vigilance réciproque, l’attention portée aux autres, le partage des observations et informations pour établir des diagnostics ainsi que le partage des pharmacies ont permis de faire face aux différents soucis de santé.
- Douleurs et inquiétudes. Les pharmacies ont été sollicitées pour faire face aux tout petis bobos et autres soucis de santé: de la gastro à la turista, des rhinite, toux, angine aux sinusites, de la conjonctivite aux échauffements de pied et autres muscles douloureux… Les ressources homéopathiques, en huiles essentielles ou en médecine traditionnelle ont permis de trouver des solutions, sans avoir à consulter sur place. A consulter où et qui d’ailleurs au cours de ce périple?
- Bonheur et émerveillement. Des spectacles naturels, des paysages tantôt grandioses et tantôt bucoliques ont sans cesse surgi au détour d’un chemin ou d’un virage. La richesse, la diversité et la beauté de cet environnement, de 1500 à 4400m, amènent à se sentir tout petit, ébloui et humble face à Dame Nature qu’il faut protéger. De notre petitesse à la « granditude » du monde alentour.
Un ciel d’un bleu limpide tout au long du séjour. Des nuits froides mais claires et un ciel très étoilé. Un soleil généreux qui a multiplié les changements de couleurs des prés, des forêts, des montages….
Un spectacle permanent splendide.
Et le plein d’énergie pour les mois à venir.
- Découragement et rechargement des batteries. L’intensité des efforts fournis ajoutés aux fragilités provoquées par les problèmes de santé ont généré de la fatigue, parfois proche de l’épuisement. Il a alors fallu dépasser ce cap et aller puiser dans des réserves ignorées, comme si celles-ci étaient finalement inépuisables.
- Complicité et rires. Dans le groupe, nous avons cherché des procédés mnémotechniques pour retenir quelques termes népali. Ainsi, « Kati paisa? » (=combien ça coûte?) est devenu Kathy paiera, Kathy paie ça, Kathy passera payer. Un petit coucou et un grand merci donc à Kathy, au passage, pour tout ce qu’elle va devoir passer payer, tant nous avons souvent eu recours à elle!!!F
- Frustrations. Pas toujours facile de devoir limiter sa liberté pour s’adapter à la fois au groupe et aux exigences de l’itinéraire. En effet, il faut bien avancer si on veut arriver avant la nuit au lodge. Impossible donc de flâner comme on le voudrait parfois, pour admirer un paysage, faire des phots…… Idem lors des quelques jours passés à Katmandou et New Delhi; pas de temps pour que chacun vaque à ses occupations comme il l’aurait souhaité.
- Enrichissement culturel et ouverture. Ce bref séjour représente un accès à la diversité et la richesse de cultures, peuples et ethnies très différents. D’autres modes de vie, un quotidien et des pratiques agricoles qui nous ramènent à la période nos grands-parents, des goûts culinaires nouveaux… Autant d’occasions de remettre en cause nos propres critères et de relativiser nos petits et gros soucis.
- Plaisir de nouvelles rencontres. Ce groupe de 14 personnes qui ne se connaissaient pas toutes est l’occasion de faire connaissance et nouer de nouvelles relations.
- Désapprobation et jugements hâtifs. Régulièrement au détour des sentiers ou sur les pentes, nous avons observé sur le sol des cartes à jouer déchiquetées, des sacs en plastique et autres emballages alimentaires. Cette réalité est encore plus manifeste aux abords de points d’eau ; il semble que les Népalais s’y arrêtent volontiers pour effectuer une pause et se restaurer. Nous avons aussi vu des amas de bouteilles d’eau en plastique vides dans des endroits en retrait des habitations. Seront-elles enfouies, brûlées, ou seront-elles recouvertes par d’autres déchets non dégradables pour constituer une déchèterie à ciel ouvert ? Avant de nous prononcer trop sévèrement sur ces pratiques, n’oublions pas qu’il y a 30 ou 40 ans, nous aussi trouvions toutes sortes d’objets sur nos talus : carcasses de voitures ou de machine à laver…..
- Reconnaissance et remerciements. Merci à Guy de nous avoir proposé cette aventure et d’avoir concrétisé son organisation, avec tout ce que cela implique. Son calme, sa sérénité, sa disponibilité, ses connaissances du terrain et de la culture locale, l’assurance tranquille qu’il dégage, sa capacité à observer et être à l’écoute de chacun…, Autant de qualités et compétences qui ont fait de ce séjour une belle réussite. Merci.
Merci à nos 2 principaux guides Guy et Tula de nous avoir menés si haut, si loin
16 jours pour fabriquer une très grande quantité de souvenirs et alimenter nos réflexions. Voilà aussi de quoi occuper les longues soirées d’hiver qui s’annoncent :des centaines de photos et vidéos à trier et partager, les écrits de ce blog et les écrits persos à poursuivre, des sons et saveurs inscrits dans nos mémoires.
Au-delà du défi physique de ce trek et de la découverte du Népal, ce séjour représente aussi une très belle expérience humaine tant dans les contacts avec les Népalais que dans le partage de la vie quotidienne du groupe.
Andrée