Le jeudi 13, je me lève avec un mal de tête terrible qui ne me permet pas d’envisager de monter aux lacs sacrés. Au petit déjeuner , je l’annonce à Tula, une nouvelle organisation est pensée: un porteur pour m’accompagner , il recherche celui qui parle le mieux français et m’informe que pendant ces deux jours, je ne dois rien payer. C’est très agréable , je suis rassurée et peut inviter Christian à suivre le groupe. Le jeune porteur qui fait la descente avec moi se nomme Mim, il me coachera jusqu’à Thula Syabru disons plutôt, pendant ces deux jours, et portera mon sac.
Nous engageons notre descente en même temps que le reste du groupe amorce la montée. Il s’agit maintenant de faire connaissance avec Min . Au bout de 30 mn, mon mal de tête s’estompe et Min et moi faisons de nombreuses pauses pour échanger. Dès qu’il apprend un nouveau mot, il s’empresse de l’écrire sur son petit carnet. Min a 22 ans, il est guide et porteur. Il apprend le français ( a fait une première session de 3 mois), chaque session coûte 100 euros. Il travaille pour financer ses études mais aussi pour vivre à Katmandou. Sa famille est loin, dans la montagne. Il voit très peu ses parents car souvent, quand il y a des jours fériés, il travaille. Au village, pas de téléphone. Il me montre des photos de ses parents, m’explique que ses soeurs sont mariées et que son frère est séparé (le divorce existe donc au Népal). Il me raconte que son frère est guide, qu’il vient d’échanger avec lui au téléphone et qu’il est à l’opposé du lieu où nous sommes.
La descente est très agréable, une pause pour boire un petit lemon tea. Je dis à Min que je suis un peu déçue de ne pas voir les lacs sacrés et lui me répond qu’il ne connaît pas non plus ce lieu. Je suis gênée et je sors deux Mars, un pour lui, un pour moi, grand sourire. On se comprend.
Nous déjeunons à Peace Lodge, accueil chaleureux des propriétaires. A table, je rencontre Delphine, une jeune guide française qui entreprend d’organiser des treks au Népal. Du lodge, nous entendons de la musique, des tambours, cela vient du monastère: une visite s’impose. Je pars avec la jeune femme sans en informer Min; au retour, je me rends compte qu’il n’est pas content que je me sois évadée.
Nous pouvons entrer dans ce lieu de culte pendant la séance de prière. Il mange, chante, joue de la musique. Devant le monastère, une femme nous offre un thé au lait de yack, pas moyen d’éviter, je le bois cul sec en priant Bouddha de ne pas être malade.
La soirée au lodge est bien différente de l’ambiance connue l’avant-veille car je mange avec la famille et Min. Seul le grand-père mange auprès du feu. L’ambiance est très familiale, beaucoup de complicités, de rires. Il me pose quelques questions sur ma famille et au cours des échanges, j’apprends que le maitre des lieux a fait un DVD et qu’il chante à Katmandou. Mon positionnement dans la pièce me laisse le temps de regarder la cuisine, je suis stupéfaite par l’équipement: eau courante dans l’évier, micro ondes … un luxe que nous n’avons pas trouvé dans les autres lodges. A 19h45, Min m’informe qu’il va se coucher. A 21h, plus un bruit dans le lodge.
Le vendredi 14, la nuit , un vrai bonheur. Au matin, une petite pensée pour le groupe qui va redescendre des lacs sacrés (4380m) et moi, que vais-je faire? Même pas la peine de me casser le tête, au petit déjeuner Min me propose une visite au village de Brabal . Je suis ravie. Dès 8 heures, nous quittons le lodge, le sentier que nous prenons est magnifique: une flore très riche, des faisans, des singes qui sont très proches de nous, nous regardent et sautent de branches en branches.
Sur le chemin, nous croisons des villageois de Thula qui ont rempli leurs hottes de bois . Le grand-père du lodge fait partie du groupe.
Brabal est un très joli village, de nombreuses cultures en terrasse, des pommiers, des serres de pommes de terre mais pas de villageois ! Min pense qu’ils sont au champ mais où ?
Nous découvrons un bien joli monastère, avec de nombreuses peintures très colorées. Min prend le temps de me donner quelques explications sur la culture bouddhiste .
Il est très heureux quand je prends une photo de lui devant une de ces peintures et me demande si je peux la lui faire parvenir par mail. Il me dit ne pas avoir d’appareil photos et qu’il aimerait pouvoir faire des photos pour montrer à ses parents.
Retour au lodge, je prends le temps d’observer et je constate qu’il y a une bonne répartition des tâches ménagères entre l’homme et la femme. Monsieur lave le linge pendant que Madame est assise sur les escaliers. Madame épluche un légume, long et blanc (comme une carotte), elle me donne un couteau et me fait comprendre que je dois faire comme elle. Je me prends au jeu, elle me sourit. Elle découpe des gros morceaux et me fait goûter le légume, c’est délicieux. On dirait un radis noir mais doux, sucré. Elle rit et se lève pour en donner à son mari et à Mim.
Les porteurs arrivent, c’est la fête. Ils s’empressent de raconter l’aventure de Karin puis vaquent à leurs occupations: lavage du linge, raccommodage .
Didi me montre ce qu’elle tisse sur place, m’explique qu’elle travaille essentiellement l’hiver et évidemment cherche à me vendre quelques unes de ses réalisations, je craque .
La vie est belle…
36 heures au rythme des Népalais, je n’ai pas vu les lacs sacrés mais moi aussi j’ai vécu un moment exceptionnel.
Vendredi, 16h30, le groupe arrive, je suis très contente de les revoir, de les entendre raconter leur périple. Belle soirée en perspective.